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10 novembre 2006

Le bouddhisme tibétain en 1983

   Un bouddhisme qui revit après des années de persécutions 

    Awang Quni, 10 ans, est novice au monastère de Drepung, l'un des plus grands du Tibet qui comptait autrefois des dizaines de milliers de moines.

   Il n'a jamais entendu parler du parti communiste chinois ni de Deng Xiaoping, et pense que Mao Tsetoung est toujours vivant et président, mais sans savoir au juste de quel pays.

   Awang quni sait en revanche que Lhassa est la capitale du Tibet que le dalai-lama, l'ancien leader temporel et spirituel tibétain vit en exil en Inde. En principe, le novice, un garçonnet au visage rieur  n'aurait pas du entrer en religion.drapeaux_de_pri_res

   Les monastères bouddhistes comme toutes les autres congrégations religieuses ne sont en effet autorisés à recruter que des jeunes âgés de plus de 18 ans, l’âge requis par la constitution chinoise pour pouvoir pratiquer librement une religion.

  Au monastère de Drepung qui ne compte plus aujourd'hui que 233 lamas contre plus de 10.000 à la fin des années 50, il existe une dizaine de novices âgés de 10 à 16 ans.

   Des explications embarrassées fournies par les officiels locaux, il ressort que les jeunes novices sont en général amenés par des parents qui sont eux-mêmes déjà lamas dans le monastère.

   En théorie, le futur lama doit avoir termine ses études primaires, être en bonne sante et faire preuve de patriotisme.

   Mais en réalité, ces critères sont rarement appliqués à la lettre et il est arrivé à plusieurs reprises aux journalistes qui ont visite Lhassa récemment de parler à des novices qui n'étaient jamais allés à l'école.

   Une telle flexibilité, inconcevable il y a encore 5 ans, va de pair avec la nouvelle politique de tolérance religieuse mise en place a partir de 1979-80 par les autorités chinoises.

   Au Tibet cette politique est d'autant plus nécessaire que pratiquement tous les Tibétains croient avec ferveur au lamaisme (une forme particulière du bouddhisme) et que cette religion est l'une de celles qui a eu le plus a souffrir de la politique résolument athée poursuivie par la Chine dans les années 60 et 70.

   Seulement une dizaine de temples, monastères ou lamasseries ont survécu, à peu près intacts, aux destructions de la Révolution Culturelle alors que le Tibet en comptait encore près de 2.500 en 1959 à la veille de la fuite du dalai-lama en Inde, après l'échec d'une rébellion antichinoise.

  Aujourd'hui 45 temples et monastères - dont certains ont dû presque intégralement être reconstruits - ont rouverts leurs portes tandis que 8 autres doivent être rendus au culte prochainement, selon des informations obtenues à Lhassa.

   Les lamas qui n'étaient plus que de 900 à la fin de la Révolution Culturelle en 1976 contre 110.000 en 1959, atteint aujourd'hui environ 1.400.

   Parmi les 500 lamas recrutés ces dernières années figurent des jeunes mais aussi des lamas plus âgés qui ont repris le chemin des monastères après en avoir été chassés dans les années 60.

   Un institut bouddhiste doit être mis en place prochainement à Lhassa afin de former de nouveaux moines. Plus de 100 jeunes Tibétains ont participé aux premiers examens d'admission qui se sont déroulés dans la capitale tibétaine le mois dernier.

   Le renouveau religieux ne touche pas seulement le clergé lamaïste mais toute la population tibétaine, un peu comme si la Révolution culturelle avait été balayée d’un trait de plume.

   C’est ainsi que les petites drapeaux de prières - censés protéger contre les mauvais esprits - ont refait leur apparition sur la quasi totalité des maisons tibétaines et même sur les crêtes des montagnes arides environnant Lhassa.

   Des centaines de pèlerins viennent par ailleurs quotidiennement se prosterner devant l'entrée du Jokhang, l'un des plus anciens temples de Lhassa. La plupart des fidèles se contentent de se prosterner, en s’allongeant par terre de tout leur long, face à la porte d'entrée, à plusieurs reprises, tandis que d’autres parcourent ainsi toute l'enceinte du temple, surmonté de toits ocres.

   Le nom du dalai lama est au bout de toutes les lèvres et sa photo se vend partout dans les rues.

   Le prestige du chef spirituel tibétain est tel à Lhassa que même certains cadres communistes tibétains n'hésitent pas a reconnaître son autorité religieuse.

   'Le dalai-lama est bien un bouddha vivant'', explique un cadre tibétain d'une quarantaine d'années qui ajoute, à la dérobée, que malgré l'interdiction qui lui est faite de pratiquer une religion en raison de son appartenance au parti communiste chinois, il continue a croire au bouddhisme ''tout au fond de son coeur''.

   ''Il y a ce qu'on dit aux autres et puis ce qu'on pense vraiment, tout au fond de soi'' poursuit-il avant d'affirmer qu'à son avis un grand nombre de cadres tibétains partagent ce point de vue en privé.

   Mais le retour en grâce de la religion se heurte à différents obstacles en tête desquels figure la fixation de quotas d'admission aux différents monastères pour le recrutement de nouveaux lamas.

   Un seul grand monastère, celui de Ganden,  complètement détruit sous la Révolution culturelle, semble actuellement échapper à cette disposition, essentiellement en raison de l'ampleur des travaux nécessaires à la réfection des bâtiments.

   La reconstruction de Ganden a débuté en 1979 à l'initiative de 10 lamas. Aujourd'hui plus de 400 lamas participent à ce travail en utilisant avant tout des fonds privés offerts par les fidèles.

   L’Etat chinois s'est contenté pour sa part de verser 500.000 yuans (250.000 dollars) soit trois fois moins que ce que les croyants tibétains - y compris certains vivant en Inde - sont parvenus à rassembler au cours des dernières années.

   Mais la limite principale au développement de la religion au Tibet réside dans la doctrine communiste. Celle-ci,  précise un responsable du bureau des affaires religieuses du Tibet, prévoit la disparation progressive de la religion ''mais pas avant 5 ou 6 générations''

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